Des mystères au Mystère

Le chapelet est une école de contemplation et de silence. A première vue, il pourrait sembler une prière qui accumule des paroles, et donc difficilement conciliable avec le silence qui est justement recommandé pour la méditation et la contemplation.

En réalité, cette répétition cadencée de l’Ave Maria ne dérange pas le silence intérieur mais au contraire le requiert et le nourrit.

De la même manière que pour les Psaumes, lorsque l’on prie la Liturgie des Heures, le silence affleure à travers les paroles et les phrases, non comme un vide, mais comme une présence de sens ultime qui transcende les paroles elles-mêmes et parle avec elles au cœur.

Ainsi, en récitant les Ave Maria, il faut faire attention à ce que nos voix ne « couvrent » pas celle de Dieu, qui parle toujours à travers le silence, comme « le bruit d’une brise légère » (1R 19, 12).

Combien il est alors important de prendre soin de ce silence rempli de Dieu, tant dans la récitation personnelle que communautaire ! Il est nécessaire de percevoir le chapelet comme une prière contemplative, et cela ne peut pas advenir sans un climat de silence intérieur.

Si la contemplation chrétienne ne peut pas se passer de la Parole de Dieu, le chapelet également, pour être une prière contemplative, doit toujours naître du silence du cœur comme une réponse à la Parole, sur le modèle de la prière de Marie.

A bien y regarder, le chapelet est tout entier tissé d’éléments tirés de l’Ecriture.

Il y a tout d’abord l’énonciation du mystère, faite de préférence avec des paroles tirées de la Bible.

Suit le Notre Père : en imprimant à la prière son orientation « verticale », elle ouvre l’esprit de celui qui récite le chapelet à la juste attitude filiale, selon l’invitation du Seigneur :

Lorsque vous priez, dites :
Notre Père qui est aux cieux … Lc 11, 2

La première partie de l’Ave Maria, elle aussi tirée de l’Evangile, nous fait à chaque fois écouter à nouveau les paroles avec lesquelles Dieu s’est adressé à la Vierge à travers l’Ange, et les paroles de bénédiction de sa cousine Elisabeth.

 chapelet

La seconde partie de l’Ave Maria résonne comme une réponse des fils qui, s’adressant suppliant à la Mère, ne font rien d’autre qu’exprimer leur adhésion au dessein salvifique, révélé par Dieu.

Ainsi la pensée de celui qui prie reste toujours ancrée à l’Ecriture et aux mystères qui sont présentés en elle.

+ Benoit XVI – Pape émérite