Chers frères et sœurs, chers parents
Comme chaque année, les catéchistes et moi-même, nous accompagnons vos enfants lors de la retraite de préparation à la Première Communion. A chaque fois, c’est un temps d’une grande grâce : pour les enfants, bien sûr, mais aussi pour les catéchistes. Le Seigneur permet que durant ces quelques heures nous puissions voir le fruit du travail durant les années de catéchisme, le fruit du travail de l’Esprit Saint. Alors un triple sentiment s’installe dans le cœur.
Tout d’abord une grande joie ! Rien n’est aussi beau qu’une âme innocente qui s’approche du Seigneur avec la confiance et la foi si caractéristiques de l’enfance. Les enfants ont souvent cette capacité de saisir l’essentiel avec émerveillement. Là où les adultes attendent des preuves et des arguments rationnels, eux ouvrent largement leur cœur à l’amour de Dieu. C’est étonnant de voir comment une petite âme accueille en elle l’immensité de la grâce divine et se laisse façonner par elle. Loin d’être un simple accompagnement, ce temps de retraite est pour nous, les adultes, une vraie catéchèse donnée par les enfants. Cela nous interpelle, bouleverse, questionne, attendrit et remplit de joie. C’est la joie de l’Evangile, dirait le Pape François ! Que le Seigneur soit béni !
Toutefois, petit à petit un autre sentiment s’installe dans notre cœur d’adultes : l’inquiétude. Que vont devenir ces enfants ? Qui va les aider sur le chemin de la foi ? Qui va les amener souvent à la Messe, vers l’Eucharistie ? Ils ne savent pas conduire, ils ne peuvent pas encore se rendre seuls à l’église. Les parents, vont-ils enfin comprendre l’importance de Dieu dans la vie de leurs enfants ? Les aideront-ils ? Arrêteront-ils de vouloir vivre à travers leurs enfants leurs propres rêves non-accomplis, en les inscrivant au foot-rugby-danse-badminton-gymnastique-poney-cheval et musique en même temps, de sorte que les petits soient épuisés et qu’il n’y ait plus de place pour Dieu dans leur planning ? Comprendront-ils que le baptême de leurs futurs petits-enfants dépend directement de ce qu’ils font aujourd’hui avec et pour leurs enfants ?
Et les parrains marraines ? Prendront-il au sérieux leur rôle sans se contenter d’un titre honorifique ? Vont-ils se souvenir de l’engagement pris le jour du baptême ? Se rappelleront-ils que leur mission était de conduire leur filleul vers Dieu ? Comprendront-ils qu’aucun cadeau, quel que soit son prix ou sa beauté, ne remplacera le témoignage de la foi, l’exemple d’une vie chrétienne en accord avec l’Evangile ?
Oui toutes ces questions amènent une grande inquiétude dans nos cœurs. La constance de la pratique de la foi après la Première Communion pourrait carrément décourager n’importe quel prêtre ou catéchiste. Que le Seigneur nous en garde !
Alors au final, les catéchistes et moi-même, nous levons nos yeux vers le Christ sur la Croix et notre cœur s’emplit d’un autre sentiment : l’Espérance. Le Seigneur nous a demandé de semer en assurant que les grains qui tombent en terre donneront toujours du fruit. Une personne, parmi nous dans cette assemblée, me disait un jour : « Quand j’étais petit, les parents m’ont inculqué la foi. Jeune, je m’en suis éloigné. Mais étant devenu père, à mon tour j’ai voulu transmettre à mes enfants ce que j’ai reçu. La foi revenue comme un boomerang est devenue essentielle dans ma vie ». Nous continuons donc de croire que tous ces petits grains de catéchisme semés au long des années ne resteront pas sans produire de fruit. Il se peut que nous ne le voyions pas. D’autres feront la récolte. Mais la grâce du Seigneur ne sera jamais vaine.
Nous espérons que les parents arrêteront d’adopter une attitude d’indifférence, d’indisponibilité, d’absorption par le travail, paralysés par la fatigue bien réelle de la vie quotidienne et ne risqueront plus de faire mourir l’émerveillement, éteindre la foi ou briser l’élan de la grâce qui naît dans la beauté de l’âme de leur enfant.
Nous espérons que les enfants obéiront à la demande de leurs parents d’aller à la messe  et ainsi feront des milliers d’autres Communions en s’unissant toujours davantage au Cœur de Jésus, qu’ils joindront leur voix à celle de l’Eglise pour louer le Seigneur, qu’ils croiront  à l’Evangile et s’ouvriront à  l’action de l’Esprit Saint.
Au bout du compte, nous ne perdons jamais cette confiance, même s’il nous faut espérer contre tout espérance. Nous connaissons la puissance de la grâce divine. Nous croyons en la Providence. Nous faisons appel au bon sens des parents. Nous n’arrêtons pas de prier pour vous et vos enfants. Que le Seigneur nous vienne en aide !
Alors, chers enfants, aimez Dieu plus que tout ! Chers parents, par amour de vos enfants, aidez-les à aimer Dieu plus que tout. Chers catéchistes, par amour de Dieu, apprenez aux enfants à aimer Dieu plus que tout et aux parents à les aider.
Rappelez-vous sans cesse : il n’y a rien de plus beau qu’une âme innocente qui s’approche du Seigneur avec la foi et la confiance d’un enfant.
Amen.
Abbé Bogdan Velyanyk – CuréÂ