Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce dimanche sont d’une richesse incroyable. J’aurais bien aimé de tout commenter. Toutefois, je me dis qu’il ne serait pas bon de mettre à l’épreuve votre patience et votre capacité de concentration en vous faisant une homélie d’une demi-heure. Aussi je vais m’arrêter avec vous particulièrement sur un seul point de l’enseignement de l’Ecriture : il s’agit de la bataille qui se joue dans le cœur de l’homme.

Récemment, un ami me racontait l’histoire du problème avec la voiture d’une de ces connaissances (je ne citerai pas la marque de la voiture !). En effet, l’ampoule du feu arrière gauche grillait plusieurs fois par mois. Chaque fois que cette personne se présente à la concession, on lui dit : « Pas de problème, on vous la change gratuitement ». Mais le garage refuse de rechercher la cause du dysfonctionnement. Le problème vient pourtant d’une surtension provoquée quelque part par quelque chose. Certes, il est plus facile de s’attaquer à la conséquence, mais l’éradication du problème passe par le traitement de la cause.

Il en va de même pour nous. Nos actions ne sont que des conséquences de ce qui naît au plus profond de nos cœurs. Par le passé, la loi de Moise s’attaquait à ces conséquences. Le Seigneur, lui, propose de traiter les causes. Remarquez bien la précision chirurgicale de son diagnostic :

1) Tu ne tueras pas ! Pour cela, tu ne te mettras pas en colère. Et pour cela, tu aimeras ton prochain comme toi-même.

2) Tu ne commettras pas d’adultère ! Pour cela, tu ne regarderas pas une femme avec envie. Et pour cela, tu veilleras à la pureté de ton cœur.

3) Tu tiendras tes serments ! Pour cela, tu ne jureras pas. Et pour cela, ta parole doit être « oui » ou « non », c’est à dire qu’elle doit être toujours véridique.

Si tu faillis au plus profond de toi-même, alors tu failliras dans tes actes extérieurs. C’est une question de temps. Aussi le remède passe nécessairement par la bataille pour la maîtrise du cœur. « Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le », dis le Christ. Traduisez : si tu vois que la colère gagne ton cœur, arrête les médisances et les rancunes. Si tu constates que ton regard s’assombrie par des envies déplacés, coupe la télé et l’internet. Si tu n’arrives pas à dire la vérité, et bien, tais-toi et ne dit rien du tout.

Au final, tout est une question de choix à faire. Nous sommes constamment en train de tendre la main vers l’eau ou le feu, selon l’expression de la première lecture. Et les conséquences peuvent être gravissimes. Car le prix de cette bataille pour le cœur de l’homme est la vie éternelle ou l’éternelle damnation.

Pour conclure, voici une petite histoire que j’ai entendue dans différentes versions et diverses circonstances :

Un jour un vieux Indien explique à son jeune fils :

Mon fils, dans le cœur de l’homme il y a deux loups qui se livrent la bataille. L’un s’appelle la Foi, l’Espérances, la Charité. L’autre porte les noms d’Orgueil, d’Envie, de Colère.

Lequel gagne, papa ?  demande le jeune.

Celui que tu choisi de nourrir ! lui répond-il.

Prions la Très Sainte Vierge Marie de nous aider à faire les bons choix et de mesurer les conséquences de chaque « oui » que nous prononçons au fond de notre cœur. Amen.

Abbé Bogdan Velyanyk – Curé