Chacun de nous a en mémoire une scène de film montrant des marins sur un grand voilier, dépités, tanguant sur une mer d’huile. Pire, ils dérivent à cause des courants. Certes, on peut ramer, mais c’est la mort assurée par épuisement. On attend, on patiente, on guette le moindre souffle de vent. Quand enfin le vent se lève, le capitaine sort de sa cabine, et index au vent, indique la direction. Les ordres fusent, chacun est à son poste. Grâce à cela, les cordes bougent, les voilent se déploient, se remplissent et le bateau avance.
Nous pouvons garder cette image dans la mémoire et réfléchir ensemble sur l’Esprit Saint. Sans son action, sans son souffle, nous ressemblons beaucoup à ce voilier perdu au milieux des océans, en proie aux courants dominants : idéologiques, politiques ou culturels. Nous n’avons aucune prise sur les … événements. Nous sentons parfois très fort la dérive, mais sommes impuissants. Il y a toujours ceux qui rament à contre courant et dénoncent les dérivent. Mais ils s’épuisent vite et sombrent dans la mort médiatique. Or la Fête de la Pentecôte nous rappelle avec une grande force que l’Esprit Saint souffle quand il veut et comme il veut. Comme dans le cas des apôtres, ce sera au moment le plus inattendu, quand nous serons vraiment prêts à nous laisser faire par la grâce divine, quand les montagnes d’orgueil ne retiendront plus le souffle de l’Esprit.
Regardez, le Christ aurait pu donner l’Esprit Saint aux Apôtres dès le départ. Mais cela était impossible. Ils étaient habités par d’autres ambitions: Jacques et Jean voulaient la gloire : être assis l’un à sa droite l’autre à sa gauche dans le Royaume des Cieux. Pierre voulait l’assurance de la récompense pour avoir tout quitté, d’autres encore avaient cet orgueil et vanité qui les poussaient à se disputer afin de savoir qui est le plus grand. C’est quand les Apôtres seront totalement dépouillés de tout que l’Esprit Saint arrivera à les combler de Lui-Même.
C’est exactement la même choses pour nous : une âme déjà remplie par les désirs terrestres, se ferme à l’action de l’Esprit Saint. Aussi la première chose que nous devons faire, c’est désirer l’Esprit Saint comme les marins guettent le vent. Pour les chrétiens, cela se concrétise par le Sacrement de la Confirmation qui ouvre le cœur aux 7 dons: intelligence, science, sagesse, conseil, piété, crainte de Dieu, force. Ensuite, il nous faudra être attentifs et obéissants aux ordres de notre Capitaine, le Seigneur Jésus Christ. Il connaît la direction, il guide le bateau.
Dans la barque de l’Eglise nous sommes tous à un poste précis. Tous sont importants. Sans l’action de l’un, l’action de l’autre perdra l’efficacité. Tout à l’heure Saint Paul disait que l’Esprit Saint donne les dons et les services différents en vue du bien. En grec ce « bien utile » se dit « Sympheron ». De là vient le mot « symphonie ». C’est donc la grâce de l’Esprit Saint qui fait que la multitude des actions dans l’Eglise, sous l’unique commandement du Christ, aboutie merveilleusement à la symphonie de la gloire de Dieu et le salut du monde.
Frères et sœurs, quel que soit la dérive et la force du courant de notre monde, nous devons nous tenir toujours prêts à l’action du Saint Esprit. Avec confiance en la Providence divine, il nous faut déployer largement nos voiles d’Espérance, hisser très haut le mat de la Charité et tenir bien ferme la barre de la Foi ! Et si la fatigue se fait sentir, ayons recours à la Vierge Marie. Sa tendresse maternelle nous donnera toujours la force nécessaire.
+ Abbé Bogdan Velyanyk – Curé