Chers frères et sœurs,
Nous lisons dans l’Evangile :
 Les mages virent l’enfant avec Marie, sa mère, et tombant à ses pieds ils se prosternèrent devant lui.
Je ne sais pas vous, mais moi, je suis toujours étonné en écoutant ce passage et surtout en imaginant la scène : des nobles, à genoux devant un bébé et une femme, dans une étable, parmi les animaux, en sortant leur plus beaux cadeaux… Que penseriez-vous si vous étiez un témoin involontaire ? Surréaliste…
Pour mieux comprendre ce que j’essaie de vous dire, voici une petite histoire. Etant en vacances avec un ami-prêtre, le Père Christophe pour ceux qui le connaissent, nous logions chez les petites sœurs de l’Evangile dans les Pyrénées. Nous rentrions de la petite station voisine. Pour cela il fallait franchir un col. Or ce jour-là , il y avait beaucoup de neige ! Ma voiture était bien équipée, pas de soucis. Mais ayant entamé la descente, nous voici devant une situation bizarre : une voiture est au milieu de la route. Le propriétaire est en train de monter la roue avant au cric. Autour de la voiture les chaines sont éparpillées.
Et bien je ne sais pas comment mettre mes chaines, nous dit-il. Dans la notice il est écrit qu’il faut les faire passer en dessous des roues. Du coup je lève la voiture .
Ne Riez pas ! Si vous avez déjà mis des chaines, vous savez que la première fois ce n’est pas évident. Or le gars n’était pas montagnard, c’est sûr !
Donc, on lui fait enlever le cric. En 5 min top chrono j’ai mis les chaines sur ses roues avant et l’affaire était réglée. Enfin, presque. Car comme il y avait beaucoup de neige et que la voiture se trouvait en montée, il n’était pas évident de démarrer sans patiner. C’est madame qui était au volant. Elle démarrait et dès que les roues arrêtaient de glisser, elle s’arrêtait.
Madame, lui dis-je, démarrez doucement en 2e, et quand la voiture commencera avancer, ne vous arrêtez pas avant d’être au sommet .
Fallait pas le lui dire deux fois : pendant que monsieur nous remerciait, elle était déjà parti. Du coup le pauvre, a couru derrière la voiture jusqu’au sommet. (Et je ne vais même pas faire de commentaire sur les femmes au volant, non !)
Le soir, de retour chez les petites sœurs, nous avons célébré la Messe. C’était l’Epiphanie. Pendant sa prédication le père Christophe a fait un lien entre les Rois-Mages à genoux devant le divin Enfant et l’évènement que nous venions de vivre.
 Il fallait aussi, disait-il, que nous nous mettions à genoux dans la neige pour offrir notre aide à ce couple.
Cela m’a fait réfléchir et encore aujourd’hui.
Frère et sœurs, les yeux des Rois-Mages ne contemplaient rien d’extraordinaire du point de vue humain. Une étable, un bébé, une femme, des animaux : cela semble tellement éloigné de la dignité d’un roi, encore plus de Dieu. Mais ce que leurs yeux ne pouvaient voir, le cœur l’affirmait avec la certitude de la foi : c’est lui le Messie, le Roi des rois, Dieu fait Homme.
Aujourd’hui, 2000 ans plus tard, nous sommes exactement dans le même cas que les Rois-Mages. Nos yeux voient le pain sur l’autel et notre foi nous fait reconnaitre Dieu Tout-Puissant, Christ Seigneur de l’Univers. Nos yeux voient une sœur, un frère, un voisin, un collègue, un inconnu et notre foi nous fait reconnaître en lui le Christ revêtu de l’humanité blessé. Vous souvenez vous ? St Martin, patron de notre église, avait offert la moitié de son manteau à un pauvre. Et la nuit même il fit  un rêve : le Christ, habillé de cette moitié de manteau, disait aux anges du Ciel :
C’est Martin qui me l’a offert .
Elle est un chemin de tout croyant. L’étoile de la foi continue de guider ceux qui cherchent la vérité et qui désirent voir le Messie. Il est indispensable d’avoir l’humilité des Rois-Mages. Ils se sont agenouillés devant un bébé dans les bras de sa maman, dans une étable, parmi les animaux. Il nous faut nous agenouiller, dans le corps et dans l’esprit, devant le Saint Sacrement, dans une petite église, au milieu de quelques places vides. Il nous faut reconnaître le Seigneur dans l’humanité blessée de ceux qui croisent notre chemin. Et cela n’est pas facile, pas facile du tout… Nos sens, la société, les médias crient le contraire. L’étoile de la foi continue pourtant d’indiquer depuis deux mille ans l’incompréhensible mystère de l’Incarnation Divine.
Prions donc que Dieu nous accorde l’humilité des Rois-Mages, que la Vierge Marie nous attire vers l’étable par sa tendresse maternelle et que le Christ-Seigneur se révèle à nous dans l’ordinaire de notre vie. Amen
Abbé Bogdan Velyanyk – Curé