Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui je voudrai m’arrêter avec vous sur la première béatitude que notre Seigneur Jésus-Christ enseignait aux foules : « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux ».

Il y a plus d’un an l’église de France a vécu un grand événement à Lourdes : Diaconia. Elle a invité tous les chrétiens à être attentifs à la pauvreté qui existe autour d’eux et recevoir avec bienveillance la parole des pauvres. Je me suis pourtant rendu compte à quel point dans la conscience populaire on avait tendance à confondre la pauvreté matérielle avec la pauvreté de cœur. La première est un mal que la Bible n’a jamais cessé de nous inviter à combattre : « (Israël), il n’y aura pas de pauvres chez-toi » dit le livre de Deutéronome ch. 15 v.4. L’autre pauvreté est une vertu évangélique qui s’acquiert par le détachement de ce monde à cause du Royaume à venir.

Pour nous aider à comprendre en quoi exactement consiste la différence entre la pauvreté matérielle et la pauvreté de cœur, voici une petite histoire racontée par le Père Pierre Trevet dans son livre « Parabole d’un curé de campagne » t. III, p. 182 :

Du temps du pape Grégoire Le Grand vivait dans la forêt un ermite. La seule compagnie de ce saint homme était un petit chat blanc. Il caressait souvent ce matou et le gardait sur ses genoux. Une nuit, il resta agenouillé sur son prie-Dieu et demanda au Seigneur de lui révéler avec qui il partagerait sa demeure éternelle dans le Ciel. Au matin, un songe lui révéla qu’il pouvait espérer la partager avec le pape Grégoire. L’ermite se réveilla en sursaut, se remit à son prie-Dieu et s’insurgea : « Seigneur, comment est-ce possible ?! Je vis dans la pauvreté, je l’ai décidé librement. Et tu me dis que j’aurai la même récompense que le pape Grégoire, cet homme riche et comblé d’honneur ? »

L’ermite était troublé. Il ne pouvait plus arrêter de comparer sa pauvreté aux richesses du pape Grégoire. Mais une nuit, il a eu un autre songe pendant lequel Dieu lui dit : « Ce n’est pas la possession des richesses, mais la convoitise qui fait le riche. Tu es donc plus riche, toi qui t’accroches à ton chat, que le pape Grégoire qui donne tout ce qu’il possède sans compter. Tu te complais plus à caresser ton chat que lui a profiter des richesses dont et il n’a que faire .

Frères et sœurs, la vraie pauvreté de cœur dont parle l’Evangile n’a rien à voir avec la misère humaine qui gangrène le monde. Quelle que soit la richesse de l’homme, si son cœur est pauvre, alors il sait qu’il lui manque toujours l’essentiel et que cet essentiel est la grâce divine. Pour la recevoir il faut une grande humilité. Du coup, la vrai pauvreté de cœur, c’est tout espérer de Dieu et user de nos richesses matérielles pour soulager la misère du frère qui souffre ».

Il y a une très belle parole dans le Psaume 61 versé 11 qui dit :

… Si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur.

On peut être riche et pauvre de cœur. On peut aussi vivre très modestement et avoir un cœur rempli de soi-même. Demandons au Seigneur de nous révéler la vérité sur nous-mêmes et sur ces désirs qui habitent notre cœur.

Abbé Bogdan Velyanyk – Curé